Garder un sol propre dès l’implantation  !

 

L’étape clé qui conditionnera les rendements futurs, c’est le désherbage de la parcelle. La concurrence des adventices a un impact fort sur le rendement des premières années et sur la vitesse d’entrée en pleine production de la culture. Or, le miscanthus est peu concurrent des adventices la première année.

 

Le temps de levée du miscanthus est assez long (premières émergences après 2 semaines mais poursuite des levées durant 4 à 5 semaines). 

 

 

Son feuillage ne couvre pas entièrement le sol en 1ère voire 2ème année.

 

 

La concurrence avec les adventices peut être forte la 1ère année, en cas de levée particulièrement lente ou hétérogène.

 

 

A partir de la 2ème année, les plantes poussent plus rapidement et ont un pouvoir d’étouffement plus important.

 

La première récolte s’effectue à la sortie du deuxième hiver suivant l’établissement de la culture puis, par la suite, tous les ans.

 

 

A partir de la 3ème année, la concurrence des adventices s’estompe car les feuilles tombées au sol forment un mulch. De plus, la couverture du sol est rapide et le couvert végétal est dense. Toutefois, un certain nombre de plantes vivaces peuvent perdurer  malgré le mulch.

 

 

La végétation est très couvrantes en août de la troisième année

 

Les feuilles tombées au sol forment un mulch à partir de la troisième année

 

Le désherbage chimique

 

Le miscanthus est sensible à la concurrence des adventices après le semis. Celles-ci peuvent rapidement faire écran pour la lumière et prélever de l’eau indispensable à la reprise des rhizomes et à la croissance.

Il est donc nécessaire d’éliminer les adventices pour favoriser le démarrage du miscanthus. L’action des herbicides doit être suffisamment persistante pour maintenir une absence de concurrence jusqu’à la fin juillet.

 

 

En 2e année, il est parfois possible de se passer d’un traitement herbicide, mais pas toujours. A partir de la 3e année, les feuilles tombées sur le sol en début d’année forment un écran qui réduit fortement les levées d’annuelles.

 

Quels objectifs poursuit le CIPF en désherbage ?

Seule la pendiméthaline (Stomp 400 SC) était agréée en culture de miscanthus et ce grâce au fait qu’il fait partie des plantes ornementales. Outre le fait qu’elle n’a pas d’action contre les vivaces, cette S.A. est inefficace contre les crucifères, renouée liseron, ray-grass…

 

Depuis 2008, le CIPF met en place des essais dans différentes régions. Ils visent à obtenir des extensions d’agréation sur miscanthus pour des substances actives déjà agréées sur maïs ou d’autres cultures.

 

 

Au cours des années 2007 à 2009, le CIPF a pu mettre en évidence la possibilité d’utiliser les produits agissant par contact sur dicotylées annuelles tels que Callisto (mésotrione) et Calaris (mésotrione + terbuthylazine). Des produits renforçant l’action du Callisto et prolongeant l’action par rémanence ont également montré leur intérêt : Aspect T (flufénacet + terbuthylazine), Gardo Gold (s-métolachlore + terbuthylazine). En associant deux de ces produits au stade 4 à 7 feuilles des adventices, Callisto (0,8 l/ha) + Aspect T (2 l), il est possible d’obtenir un désherbage satisfaisant. En préémergence, un traitement Aspect T (2 l) + Stomp 400 SC (2 l) est également possible.

 

En présence de rumex, chardons, renoncules, … le Bofix (4 l/ha) est une bonne solution bien sélective du miscanthus.

 

Par contre, il reste difficile d’éliminer des graminées annuelles levées ou en épiaison (vulpins, repousses de ray-grass, chiendent…) dans du miscanthus en croissance. Des produits tels que Samson  extra 60 OD (nicosulfuron), Titus (rimsulfuron), Equip (foramsulfuron + isoxadifen) ne sont pas suffisamment sélectifs et peuvent freiner durant plusieurs mois le développement de la culture. Ils ne sont pas agréés contre en miscanthus.

 

Afin de trouver une solution à ces risques de concurrence (présence de chiendent, ray-grass…), il est conseillé de traiter la parcelle avant implantation du miscanthus avec du ghyphosate. Si cela n’a pas pu être réalisé ou si la concurrence possible a été sous-estimée, il existe une possibilité de traiter le miscanthus durant sa période de repos végétatif soit en mars lorsque les feuilles sont tombées ou complètement sèches et que les nouveaux bourgeons sont protégés et très peu développés.

 

En 2008-2009, le CIPF avait installé un essai à Longpré (près de Huy) afin de vérifier la sélectivité de ce traitement.

Le glyphosate (Round up MAX) a été testé à 2 doses (3 l ou 6 l) à 5 dates d’application de novembre 2008 au 30 mars 2009 soit le 18/11, 18/12, 20/1, 18/2 et 30/3.

L’application du 18 février n’a eu aucun effet sur la croissance ultérieure des miscanthus.

Le miscanthus a également été très peu influencé par le traitement du 20/1.

Par contre, le traitement du 18 novembre a partiellement détruit le miscanthus (évaluations en mai et juillet 2009). Il a fallu attendre le mois d’octobre pour obtenir une repousse significative.

Les traitements du 18 décembre étaient encore trop précoces (8 à 12 % de frein de croissance) et celui du 30 mars trop tardif vu le début de reprise de la végétation (8 à 15 % de frein).

 

 

Sur base des résultats des essais GEP mis en place par la CIPF, les produits suivants ont bénéficié d’une extension d’agréation sur miscanthus en collaboration avec le Comité Phyto. Ces produits peuvent être appliqué du stade pré émergence au stade 50 cm.

 

 

Il convient de rester vigilant pour le choix des buses et zones tampons à respecter. 

 

Le désherbage mécanique

 

A l'heure actuelle, il existe différents types de matériels qui permettent de réaliser le désherbage de façon mécanique. 

La herse étrille

La herse étrille est un matériel de désherbage en plein utilisable sur un grand nombre de cultures. Cet outil est constitué de panneaux articulés pour suivre le terrain, munis de longues dents flexibles de 6 à 8 mm de diamètre. En vibrant, les dents déracinent et mutilent les adventices. L’inclinaison des dents détermine l’agressivité de l’outil. Elle est assez simple d’utilisation.

 

 

Après le passage de l’outil, les petites adventices sont déracinées. Il est indispensable d’avoir une période de temps sec afin de favoriser leur dessèchement. Deux jours après notre passage, une période de mauvais temps d’une semaine accompagnée de nombreuses et importantes précipitations a favorisé le développement de nouvelles adventices

 

La houe rotative

 

Conçue pour travailler sur sols glacés et/ou argileux, la houe rotative travaille à environ 2 cm de profondeur indépendamment des rangs de la culture et permet donc un désherbage sur toute la surface. Elle est équipée de roues aux extrémités en forme de cuillères qui piochent, déchaussent, arrachent puis projettent les adventices..

 

 

La houe rotative bénéficie d'un certain avantage par rapport à la herse étrille car celle-ci a tendance à faire "râteau" et à trainer les débris végétaux sur de longues distances.

 

 

La roto étrille

 

Concue pour des sols légers et moyennement léger, la roto étrille est un bon outil de lutte mécanique contre les adventices. Elle se compose de disques de 50 cm de diamètre dotés de nombreuses dents de 6 mm. Auto-animés, ces disques ratissent le sol et offent par la même occasion une action sur adventices.

 

La bineuse

La bineuse est un outil de désherbage mécanique adapté aux cultures en ligne. Elle permet de désherber l’inter-rang de la culture. Elle est constituée d’éléments articulés et indépendants qui travaillent le sol à l’aide de dents/socs sur les premiers centimètres. Il est indispensable de travailler sur un sol ressuyé et plat

 

 

Les plantes issues de graines produisent une jeune plante à la verticale de l’emplacement de la semence. Les jeunes pousses de miscanthus issues du rhizome, peuvent parfois émerger à plus ou moins 15 cm de part et d’autre du rhizome, rendant le passage de la bineuse fort limité et fort contraignant. Il arrive donc régulièrement de sectionner une jeune plante.

 

 

 

La réussite du désherbage mécanique en culture de miscanthus permettrait d’implanter cette culture sur des sites de captages d’eau, le long des bords de ruisseaux, là où l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et l’application d’engrais minéraux est désormais interdite.

 

Un essai mis en place par le CIPF a pu mettre en évidence la difficulté de cette pratique sous nos conditions météorologiques. En effet, de par sa faible densité de plants et sa vitesse de croissance relativement lente, le miscanthus met très longtemps à recouvrir le sol. Suite à cela, la lutte contre les adventices annuelles et vivaces en est rendue très difficile.

 

Les conditions de réussite d’un désherbage mécanique sont à l’opposé des conditions de réussites d’un désherbage chimique. Pour réussir son désherbage de manière entièrement mécanique, il est nécessaire de devoir passer à de multiples reprises et ce, le plus vite possible avec des herses étrilles et/ou bineuses au cours de l’année d’implantation, pour garantir un état de propreté satisfaisant de la parcelle. Néanmoins, pour garantir l’efficacité de ces pratiques, le facteur météorologique avec de nombreux jours sous un beau soleil doit être de notre côté. Il n’est en effet pas envisageable de passer sur une parcelle en conditions humides. De plus, après le passage des herses mécaniques qui déracinent les adventices présentes, 2 à 3 jours de soleil et de conditions sèches sont nécessaires pour garantir le dessèchement des adventices arrachées.

 

Si le mois de juin est humide avec une pluviométrie très élevée, il n’est pas possible de passer sur la parcelle. Les adventices deviennent alors trop grandes, avec un enracinement profond rendant vain l’utilisation de la herse étrille, seul outil mécanique permettant de désherber également sur la ligne de plantation. La bineuse reste alors la seule solution. Celle-ci n’a toutefois pas la capacité de nettoyer l’interligne.

 

En cas de présence trop importante d’adventices au stade de production de semences sur une parcelle de miscanthus biologique, le recours à l’étêtage permet de supprimer temporairement les adventices avant que les semences dont elles sont porteuses, ne viennent à maturité et ne réensemencent la parcelle. Cette pratique entraînera inévitablement une baisse de production de rendement pour les années futures. Afin de limiter son impact sur le rendement, il faudra veiller à ne pas faucher sous une hauteur inférieure à 15 – 20 cm afin de ne pas trop affaiblir la jeune plante.

Dernière mise à jour @ 02/03/2020