CIPF
Centre indépendant de promotion fourragère
Actualités et évolutions au niveau des produits disponibles
1. Une nouveauté : Dragster
Cette nouvelle association commercialisée par Corteva Agriscience, contient 148,15 gr de rimsulfuron, 92,6 gr de thifensulfuron-méthyle et 111,11 gr d’isoxadifen-éthyl par kilo. Agréée à la dose maximale de 135 gr/ha, du stade 1ère jusqu’à la 8ème feuille visible, elle se présente sous forme d’un granulé à disperser dans l’eau (WG). Il peut être utilisé en une seule application ou fractionné en deux applications de 67,5 gr/ha. Dans la majorité des associations, il sera accompagné d’un mouillant non ionique ou une huile végétale. Une zone tampon de 20 m par rapport aux eaux de surface et l’utilisation de jets antidérive de minimum 90% doivent être respectées. Les essais menés par le CIPF depuis plus de quatre ont permis de confirmer sa bonne efficacité contre panics, sétaires, pâturins, chénopodes, mourons, matricaires, érodiums, séneçons.
2. Retrait des autorisations des produits à vase de S-métolachlore.
Depuis le 23 juillet 2024, tous les produits à base de S-métolcahlore sont interdits d’utilisation en Belgique. Sont concernés par cette modification les produits suivants :
Les produits à base de S-métolachlore représentaient jusqu’à l’an dernier une des principales bases du schéma des traitements appliqués à la fois en préémergence et en postémergence, dans le cadre de la lutte contre les graminées annuelles par action racinaire. Faisant partie de la famille des chloroacétamides, ils permettaient de contrôler les levées de panics pied-de-coq, panics dichotomes, panics schinzii, sétaires verticillées, sétaires vertes, digitaires filiformes, digitaires sanguines, vulpins et rays-grass. Son interdiction impose aux cultivateurs de se tourner vers des produits alternatifs.
Avec le retrait du S-métolachlore, seules 2 substances actives de la famille des chloroacétamides demeurent utilisables de la préémergence à la postémergence : le dmta-p (Frontier Elite) et la péthoxamide (Juan, Koban, Mojang, Successor 600).
Jusqu’au stade 3 – 4 feuilles de la culture et lorsque les conditions sont favorables à une efficacité optimale (pluviométrie régulière), le niveau de contrôle du dmta-p est assez similaire sur ces graminées. Par contre, bien que satisfaisante, l’efficacité du péthoxamide est un peu plus faible surtout en cas de sécheresse ou lorsque les densités en adventices sont trop élevées.
Ces deux substances actives ne semblent pas prêtes d’être retirée du marché puisque leur agréation au niveau belge court jusqu’en 2034 pour la pethoxamide et jusqu’en 2035 pour le diméthénamid P. Toutefois, pour garantir leur usage à court et moyen terme, certaines recommandations d’usage doivent être respectées.
Pour le diméthénamid P, la dose maximale qui peut être appliquée est de 1 kg par hectare et par 12 mois (soit 1,4 l/ha/an de Frontier Elite). Concernant la péthoxamid, cette dose est de 1,2 kg par ha par 24 mois (soit 2 l de Successor 600 par ha/ 24 mois).
Les autres herbicides racinaires agréés en Belgique contiennent de l’isoxaflutole (Adengo TC Max) ou de la pendiméthaline (Stomp Aqua). Dans le cadre de la lutte contre les graminées annuelles, l’Adengo TC Max 0,33 l offre une efficacité comparable voire supérieure contre les ray-grass, vulpins et pâturins à celle du Dual Gold 1,4 l mais il ne peut être appliqué au-delà du stade 3° feuille visible du maïs. Le Stomp Aqua 2,5 l est très dépendant des conditions d’humidité du sol et apportera plutôt un renforcement contre les dicotylées dont les arroches étalées, chénopodes blancs, ……
3. Dernière saison d'utilisation pour le tritosulfuron.
Le 31 octobre 2024, la Commission a décidé de ne pas renouveler l’approbation de la substance active « tritosulfuron » au niveau européen. En culture de maïs, cela concerne les produits : Callam, Frisk et Piorun. Leur utilisation reste autorisée jusqu’au 31/07/2025. Principalement utilisé en lutte contre liserons des haies ou dans les schémas sans terbuthylazine contre dicotylées difficiles telles que renouées des oiseaux, ceux-ci pourront être remplacés à l’avenir par des produits de type Casper, Peak.
4. Retrait des autorisation des produits à base de flufénacet en vue !
L’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a estimé dans une évaluation de septembre 2024 que le flufénacet était un perturbateur endocrinien et que son produit de dégradation, l’acide trifluoroacétique (TFA) était un contaminant majeur de l’eau. Bien qu’utilisé uniquement en association avec de la terbuthylazine via les produits (Aspect T, Andes, Promess), le flufénacet est d’une grande utilité par voie racinaire contre de nombreuses graminées annuelles. Elle est également incontournable dans la lutte contre les graminées résistantes telles vulpins ou ray-grass, … Le retrait du flufénacet va également rendre complexifier les traitements de préémergence. En effet, cette matière active est la seule associée à la terbuthylazine qui peut être appliquée en préémergence et qui peut assurer avec le Stomp Aqua comme partenaire, un désherbage complet, renouées comprises. Si l’on sait que l’association flufénacet + terbuthylazine pourra encore utilisée cette année, au moment de la rédaction de cet article, aucun délai de vente ou d’utilisation n’a encore publié par le Comité d’agréation.
5. Limitation pour l'application de la terbuthylazine.
Depuis le 21 mai 2021, un nouveau règlement d’exécution de la Commission concernant les conditions d’approbation de la substance active « terbuthylazine » a été voté afin d’éviter la contamination des eaux souterraines
Faisant suite à cette décision, le Comité d’agréation avait revu les autorisations de l’ensemble des produits à base de terbuthylazine pour en limiter l’usage à une seule application tous les trois ans sur une même parcelle et à une dose maximale de 750 gr/ha à partir de 2022 avec effet rétroactif. Les utilisateurs doivent tenir compte des applications effectuées les années précédentes sur une même parcelle.
Cette restriction s’appliquant depuis 2022, cela signifie que les agriculteurs qui ont utilisé un produit à base de terbuthylazine sur une parcelle en 2023 et 2024, ne pourront pas appliquer cette matière active en 2025.
Sont concernés par cette modification les produits suivants : Akris, Andes, Aspect T, Promess, Calaris, Callistar, Click pro et Click Premium.
6. L'utilisation de la terbuthylazine le long des cours d'eau reste conditionnée par l'implantation d'une bande enherbée.
Depuis la publication du communiqué de presse du SPF du 30 octobre 2015, tout agriculteur qui souhaite appliquer un produit à base terbuthylazine sur une parcelle qui longe une eau de surface se voit contraint d’implanter une zone tampon végétative de 20 m de largeur le long de celle-ci. Dans ce cas, sont considérées comme eaux de surface, toutes les eaux stagnantes et les eaux courantes à la surface du sol. Il s'agit donc des cours d'eau classés ou non classés (fleuves, rivières, ruisseaux, ...), des lacs, des étangs, des mares, mais également des masses d'eau « artificielles » telles que les canaux et les collecteurs (égouts, réseaux de drainage, fossé humide, ...). Les wateringues, les fossés de drainage artificiels et les fossés de bords de route lorsqu’ils sont humides lors de l’application sont bien repris comme eau de surface et sont donc également soumis à l’implantation de cette zone tampon enherbée
7. La terbuthylazine, une matière active en sursis, à utiliser avec précautions !
Bien qu’agréée uniquement en association, la terbuthylazine présente divers avantages. En effet, elle renforce l’efficacité des produits de contact et accélère la vitesse d’action des partenaires. Elle est efficace contre des adventices généralement moins sensibles aux produits de base d’un traitement maïs (Callisto, Laudis). Le pâturin, l’anthémis, le géranium, l’érodium, la matricaire, la mercuriale, la pensée, la renouée des oiseaux, la renouée liseron, la véronique en sont des exemples. Bien que plus difficilement complet, le désherbage sans terbuthylazine est toutefois possible moyennant certaines adaptations.
Depuis de nombreuses années, le CIPF met en place des essais visant à se passer de la terbuthylazine sur différentes flores
De manière générale, sans terbuthylazine, il est indispensable de traiter sur des adventices plus jeunes, d’adapter les associations et les doses en fonction de la flore présente. Depuis la mise en place de cette mesure, peu de bandes enherbées ont été implantées. La plupart des agriculteurs soumis à cette contrainte ont préféré opter pour des traitements sans terbuthylazine. En 2024, selon nos sources, environ 40% des surfaces maïs en Wallonie ont été traitées sans terbutylazine.
8. L’éco-régime « Réduction d’intrants » en culture de maïs !
Dans le cadre de la nouvelle PAC, (2023-2027), de nouvelles aides, appelées éco-régimes ont été mises en place. Parmi celles-ci figure l’éco-régime « Réduction d’intrant » qui consiste en une prime octroyée lorsque l’agriculteur s’engage soit à n’appliquer sur ses parcelles de terres arables et cultures permanentes, aucun produit phytopharmaceutique repris dans une liste constituée de molécules à « prohiber » ou soit avoir recours à des techniques de désherbage mécaniques au minimum à deux reprises au cours de la période de maintien de la culture. Les molécules prohibées sont celles considérées comme « à substituer » dans la réglementation européenne. La liste officielle des molécules prohibées dans cet Eco-Régime pour l’année 2025 se retrouve à l’article 10 de l’Arrêté ministériel du 27 février 2025. Chaque année, l’asbl Corder est chargée de sortir une liste des produits phytosanitaires qui contiennent ces molécules au regard de leur utilisation dans les cultures présentes en Wallonie.
Une nouvelle liste de produits prohibés mise à jour le 21 mars 2025 est consultable sur le site de CORDER . Concernant la culture de maïs, cette nouvelle liste reste identique à celle publiée l’année passée.
La liste ci-dessous (Tableau 2) reprend les principaux produits agréés en culture de maïs qui ne peuvent pas être utilisés dans le cadre de cet éco-régime.
Comme l’an dernier, les semences traités avec REDIGO M et/ou KORIT peuvent être utilisées dans le cadre de cet Eco-régime. Cette possibilité rend la mise en application de celle-ci bien plus aisée. En effet, sur base de la liste reprise ci-dessous (Tableau 3) synthétisant l’ensemble des produits utilisables pour cet Eco-régime, il est possible de composer des traitements tout à fait complets.
A titre d’exemple en post précoce une association de type Callisto 100SC 0,7 l/ha + Monsoon active 0,75 l/ha + Frontier Elite 0,8 l/ha renforcée si nécessaire par un Kart 0,75 l/ha ou Onyx 0,5 l/ha peut entrer dans cette mesure.
Dernière mise à jour @ 12/05/2025