CIPF
Centre indépendant de promotion fourragère
Postémergence
1. La postémergence avec terbuthylazine.
En présence de dicotylées annuelles, le schéma de base sera constitué d’une association d’une tricétone (mesotrione, sulcotrione ou tembotrione) combinée à la terbuthylazine et d’un radiculaire
Si des graminées annuelles (vulpins, pâturins, ray-grass,…) sont présentes, l’ajout de 0,4 à 0,5 l Samson extra 60 OD ou Monsoon active 0,75 l permet de les détruire. Ces antigraminées apportent un complément d’efficacité nécessaire si on se trouve en présence de mercuriales de 4 feuilles et plus et que l’on utilise la mésotrione ou la sulcotrione. En présence d’amarantes, le Callisto ou le Laudis ont une efficacité nettement supérieure à celle du Zeus (ou Sulcogan). La sulcotrione et la tembotrione sont un peu plus « douces » lorsque les plantes ont une croissance ralentie par un temps frais.
Dans les situations où l’on rencontre une flore de dicotylées annuelles ainsi que des panics et/ou sétaires, diverses associations sont possibles (Tableau 5). Elles font intervenir pour combattre ces graminées estivales, des matières actives telles que le nicosulfuron (Samson extra 60 OD), le thiencarbazone + foramsulfuron (Monsoon active), la tembotrione (Laudis).
Dans ce contexte, le Laudis agit à la fois sur les dicotylées annuelles et les graminées estivales.
La sulcotrione et la mésotrionesont notamment utiles contre les chénopodes et arroches moins bien contrôlés par tous les produits radiculaires (excepté la pendiméthaline). En cas d’utilisation de la sulcotrione ou de la mésotrione, les panics pied-de-coq, sétaires doivent être détruits par l’action de contact d’un nicosulfuron ou du Monsoon active ou du Maïster Power TC Max. Leur action est assez lente mais généralement très efficace contre ces deux graminées. Vu leur faible rémanence, il faudra ajouter au traitement 2 l de Gardo Gold ou Aspect T 1,6 l ou Akris 2 l. Ceux-ci renforceront l’action par contact par leur apport en terbuthylazine tout en apportant une rémanence efficace contre les graminées annuelles.
Le stade optimum de traitement pour une bonne efficacité (destruction des adventices présentes et rémanence suffisante) se situe entre le stade 4è et 5è feuille visible du maïs (post précoce) lorsque le traitement inclut de la terbuthylazine. Les panics et sétaires les plus développés ont alors généralement atteint le stade 3 feuilles à début tallage.
Le Capreno TC Max est composé de tembotrione et renforcé par la thiencarbazone méthyl qui apporte un complément d’efficacité sur renouées des oiseaux et matricaires.
2. La postémergence sans terbuthylazine.
Pour les agriculteurs qui souhaitent (doivent) traiter sans terbuthylazine, il faudra traiter plus tôt, de préférence au stade 3-4ème feuille visible du maïs et être attentif à la flore observée sur la parcelle. La présence de vulpin, pâturin, jouet du vent, mercuriale, renouée des oiseaux, renouée liseron et matricaire repiquée imposera bien souvent l’ajout d’un produit complémentaire (Tableau 7) au schéma de base (Tableau 6). Le pyridate (présent seul dans l’Onyx ou associé à la mésotrione dans le Botiga) renforce l’action de la mésotrione et de la sulcotrione (vitesse d’action et meilleure efficacité sur adventices moyennement sensibles telles que les véroniques).
Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon active 0,75 l, le Maïster Power 0,75 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD lorsque la dose appliquée est supérieure à 1,5 l (risque de phytotoxicité).
3. Eviter la présence de matricaires repiquées.
La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (cas de non labour ou de labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les contrôlent parfaitement
En présence des matricaires repiquées (Tableau 6), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 20 gr de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto 100SC. Le Peak (75% de prosulfuron) peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs mais agit assez lentement. Il faudra donc être patient avant de voir ses effets.
4. Le datura : une adventice à maitriser absolument.
Le datura stramoine est une adventice de plus en plus fréquente dans les parcelles. Il s’agit d’une plante annuelle à odeur désagréable mesurant jusqu’à un mètre de haut et constituée d’une tige puissante et ramifiée. Ses fleurs de couleur blanche, solitaires et de grande taille évoluent en capsules ovoïdes de 4 à 5 cm couvertes d’épines robustes pour former finalement une bogue épineuse constituée de plusieurs centaines de graines. Au total, un pied de datura peut produire plus d’un millier de graines capables de survivre au moins 80 ans dans le sol.
Au stade jeune, il est reconnaissable par ses grands cotylédons lancéolés linéaires, sa tige et pétioles pileux ainsi que par l’insertion alterne des feuilles. Dès les premiers stades, il dégage au toucher une odeur nauséabonde. Cette espèce qui se caractérise par des levées échelonnées du printemps à la fin de l’été, est nitrophile et apprécie les températures élevées. Par contre, elle meurt dès l’arrivée des premières gelées.
Le datura pose problème pour plusieurs raisons :
- Sa nuisibilité due au développement important de l’adventice avec une compétition vis-à-vis de la lumière, des nutriments et de l’eau pour la culture
- Sa toxicité pour l’homme comme pour l’animal due à la présence d’alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine) dans tout l’appareil végétatif. En cas d’ingestion de datura, on observe chez l’homme une augmentation du diamètre de la pupille mais également des hallucinations, des troubles cardiaques (tachycardie jusqu’à l’arrêt cardiaque) et de la confusion mentale. La quantité maximum que peut ingérer un homme de 70 kg pendant une courte période sans courir de risque pour santé 1,12 µgr ce qui correspond à 1/25ème de graine. Au niveau animal, un pied de datura par 25m² peut provoquer des intoxications aiguës et mortelles de bovins via l’ensilage de maïs.
Sachant que les graines de datura peuvent survivre plusieurs décennies dans le sol, il faut veiller à tout prix qu’elle ne s’installe pas dans les parcelles. Dans un premier temps, on veillera à ne pas laisse monter en graine les daturas pendant l’interculture soit par broyage ou déchaumage. En culture, on prendra soin de les arracher manuellement en portant des gants et de les sortir de la parcelle. En culture de maïs, le datura se contrôle facilement aux stades jeunes. En effet, de nombreux herbicides tels que (Callisto, Monsoon active, Samson extra 60OD) sont efficaces. La complexité du contrôle réside dans le fait que les levées sont échelonnées ce qui nécessite généralement un passage supplémentaire à un stade plus tardif. Depuis le 14 décembre 2022, la lutte obligatoire contre le datura stramoine a été intégrée dans le cahier des charges relatif à la lutte intégrée (IPM). Il s’agit d’une exigence de niveau 2. Afin d’éviter que cette adventice ne contamine de nouvelles parcelles, il est nécessaire d’empêcher que celle-ci n’atteigne le stade production de graines. Pour satisfaire cette exigence, un seuil de 10 plantes/ha au stade de production de graines a été fixé dans le nouvel arrêté et son dépassement constitue une non-conformité. Il est donc impératif d’éliminer tout foyer naissant.
5. Digitaires : Laudis reste la seule solution !
Si les parcelles où on retrouve des digitaires restent nettement moins fréquentes que les parcelles avec sétaires et panics, les cas rencontrés sont de plus en plus courants et les régions concernées plus nombreuses d’année en année. Si le Nord du pays est le plus concerné, on rencontre également la digitaire filiforme et occasionnellement la digitaire sanguine dans certaines parcelles en Ouest Hainaut, au nord-est de Liège, Brabant surtout en sols légers et sols sablonneux de la région jurassique. Leur levée est plus tardive que celles des autres graminées.
Le Laudis (tembotrione + isoxadifen éthyl) + un antigraminée rémanent (Aspect T, Akris ou Gardo Gold) reste la seule solution de référence contre les flores complexes de graminées estivales avec digitaires filiformes, digitaires sanguines, sétaires verticillées, sétaires vertes et panics pied-de-coq du stade 1 feuille à début tallage par contact. La garantie d’un contrôle satisfaisant des digitaires filiformes est un traitement très précoce pas plus tard qu’au stade tout début tallage des digitaires (Tableau 9).
6. Panics dichotomes et panics schinzii : quel traitement appliquer ?
Ces graminées essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine se retrouvent depuis quelques années dans quelques régions de Wallonie (Pays de Herve, Brabant wallon).
Le traitement Laudis 2 l à 2,25 l + Aspect T 2 l ou Akris 2 l a confirmé son excellente efficacité contre ces graminées. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l. L’Adengo 0,33l en préémergence et le Laudis 2 l + Frontier Elite 1 l au stade (1 à 3 feuilles des graminées) assurent également un contrôle total des panics schinzii.
En 2021, sur une parcelle fortement envahie de panics dichotomes, en absence de terbuthylazine, les meilleurs résultats ont été obtenus en un seul passage soit en préémergence avec Adengo 0,25 l + Frontier Elite 0,8 l ou soit en post précoce avec Laudis 2,25 l + Frontier Elite 0,75 l + Samson extra 60OD 0,3 l.
Enfin, il ressort que le succès d’un traitement postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par une pulvérisation en conditions d’humidité satisfaisante et à des stades très précoces des adventices (maximum au stade deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm). Passé ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.
7. Le vulpin et le ray-grass résistants aux sulfonylurées, une nouvelle difficulté en maïs.
Dans quelques parcelles, le ray-grass et les vulpins résistants aux sulfonylurées, ont fait son apparition. L’importation de paille provenant du bassin parisien en est à l’origine dans certaines situations de l’extension du ray-grass. Cette résistance est une capacité naturelle et héritable qu’ont certains individus issus d’une population déterminée de survivre à un traitement herbicide létal pour les autres individus de la population. Il existe deux formes de résistance, celle par mutation de cible qui empêche l’herbicide de se fixer sur celle-ci (mutation au niveau d’un acide aminé) et une autre par laquelle la plante développe des enzymes qui dégradent les molécules d’herbicides (détoxification).
Les premiers essais réalisés en 2019 et 2020, avaient montré les limites des herbicides actuellement disponibles en maïs. En 2023, un nouvel essai avait installé à Orp-le-Petit sur une parcelle présentant une infestation moyenne de vulpins résistants (6/m²). Aucun traitement de préémergence n’a permis de limiter suffisamment leur développement. Par contre, en post précoce du maïs (vulpins au stade 1 à 3 feuilles), les associations comportant les matières actives suivantes, flufénacet + terbuthylazine + foramsulfuron freinent fortement le développement de cette graminée et évitent la production de semences. Les meilleurs résultats étaient obtenus avec ls associations suivantes : Callisto 0,7 l + Monsoon active 0,9 l + Aspect T 1,75 l et Laudis 1,8 l + Monsoon active 0,75 l + Onyx 0,75 l + Aspect T 1,75 l
Outre la lutte chimique, la rotation reste certainement la meilleure voie dans ces situations.
Dernière mise à jour @ 24/04/2024