1. Retrait des autorisations des produits à vase de S-métolachlore.

Suite à la problématique de la présence du métabolite du ‘S-métolachlore’ dans les eaux souterraines au niveau de plusieurs pays européens et malgré les précautions prises par la firme Syngenta afin de déconseiller l’utilisation de cette matière active sur sols sablonneux et sur les parcelles situées en zone de captage, le Commission européenne a décidé ne pas renouveler l’approbation du S-métolachlore au niveau européen. Sont concernés par cette modification les produits suivants (Tableau 1) :

 

 

La mise sur le marché et le stockage par des tiers restent autorisés jusqu’au 23 mai 2024. Au niveau agriculteur, leur utilisation reste, par contre, possible jusqu’au 23 juillet 2024.

 

Les produits à base de S-métolachlore représentaient jusqu’à présent une des principales bases du schéma des traitements appliqués à la fois en préémergence et en postémergence, dans le cadre de la lutte contre les graminées annuelles par action racinaire.  Faisant partie de la famille des chloroacétamides, ils permettaient de contrôler les levées de panics pied-de-coq, panics dichotomes, panics schinzii, sétaires verticillées, sétaires vertes, digitaires filiformes, digitaires sanguines, vulpins et rays-grass. Son interdiction imposera aux cultivateurs de se tourner vers des produits alternatifs.

 

Avec le retrait du S-métolachlore, seules 2 substances actives de la famille des chloroacétamides demeurent utilisables de la préémergence à la postémergence : le dmta-p (Frontier Elite) et la péthoxamide (Juan, Koban, Mojang, Successor 600). Jusqu’au stade 3 – 4 feuilles de la culture et lorsque les conditions sont favorables à une efficacité optimale (pluviométrie régulière), le niveau de contrôle du dmta-p est assez similaire sur ces graminées. Par contre, bien que satisfaisante, l’efficacité du péthoxamide est un peu plus faible surtout en cas de sécheresse ou lorsque les densités en adventices sont trop élevées. Les autres herbicides racinaires agréés en Belgique contiennent de l’isoxaflutole (Adengo TC Max) ou de la pendiméthaline (Stomp Aqua). Dans le cadre de la lutte contre les graminées annuelles, l’Adengo TC Max 0,33 l offre une efficacité comparable voire supérieure contre les ray-grass, vulpins et pâturins à celle du Dual Gold 1,4 l mais il ne peut être appliqué au-delà du stade 3° feuille visible du maïs. Le Stomp Aqua 2,5 l est très dépendant des conditions d’humidité du sol et apportera plutôt un renforcement contre les dicotylées dont les arroches étalées, chénopodes blancs, …

 

2. Nouvelles conditions d’emploi pour le Callisto, Lumica 100 et Meristo.

La dose maximale d’homologation de ces trois produits à base de 100 gr/l de mésotrione a été réduite depuis le mois de décembre 2023. Ces produits ne peuvent donc être utilisés qu’à une dose maximale de 0,6 l/ha. L’agréation ne concerne plus que la lutte contre dicotylées annuelles. Par contre, le contrôle des panics pied-de-coq n’est plus envisageable à cette dose. Sur base des essais réalisés depuis plus de 20 ans sur des flores dicotylées, une dose de 0,75 l de ces produits est nécessaire pour permettre un contrôle satisfaisant et assurer une rémanence de 3 à 4 semaines nécessaire avant la fermeture des lignes.  A la dose de 0,6 l, l’efficacité et la rémanence de ceux-ci étant fortement amputées, leur utilisation n’est pas recommandée. Une alternative à cette contrainte est d’utiliser les formulations Callisto 100 SC, Lumica 100 SC composées également de 100 gr de mésotrione mais qui peuvent encore être appliquées à une dose maximale de 1,5 l/ha. Des jets antidérives à 90 % sont toutefois obligatoires pour leur utilisation.

 

3. Retrait des autorisation du Zeus et Dractar.

Ces deux produits constitués de 300 gr de sulcotrione par litre ne seront plus utilisables à partir du 14 décembre 2024. Passé cette date, il ne subsistera plus que le Sulcogan (sulcotrione 300 gr/l) qui peut encore être appliqué jusqu’à 1,5 l/ha. En culture de maïs, la sulcotrione présente un intérêt indirect dans le cadre de la lutte contre les chiendents. En effet, pour obtenir un contrôle satisfaisant de cette graminée vivace, les antigraminées « nicosulfuron ou foramsulfuron » doivent être appliqués à des plus doses élevées qui selon le partenaire associé peut provoquer des symptômes de phytotoxicité au niveau de la culture principale. La sulcotrione, une des tricétones les plus sélectives vis-à-vis du maïs, permet de réduire ces risques.

 

4. Limitation pour l'application de la terbuthylazine.

Depuis le 21 mai 2021, un nouveau règlement d’exécution de la Commission concernant les conditions d’approbation de la substance active « terbuthylazine » a été voté afin d’éviter la contamination des eaux souterraines

Faisant suite à cette décision, le Comité d’agréation avait revu les autorisations de l’ensemble des produits à base de terbuthylazine pour en limiter l’usage à une seule application tous les trois ans sur une même parcelle et à une dose maximale de 750 gr/ha à partir de 2022 avec effet rétroactif. Les utilisateurs doivent tenir compte des applications effectuées les années précédentes sur une même parcelle.

Cette restriction s’appliquant depuis 2022, cela signifie que les agriculteurs qui ont utilisé un produit à base de terbuthylazine sur une parcelle en 2022 et 2023, ne pourront pas appliquer cette matière active en 2024.

Sont concernés par cette modification les produits suivants : Akris, Andes, Aspect T, Promess, Calaris, Callistar, Click pro, Click Premium, Deluge extra, Gardo Gold, Gardoprim, et Primagram Gold.

 

5. L'utilisation de la terbuthylazine le long des cours d'eau reste conditionnée par l'implantation d'une bande enherbée.

Depuis la publication du communiqué de presse du SPF du 30 octobre 2015, tout agriculteur qui souhaite appliquer un produit à base terbuthylazine sur une parcelle qui longe une eau de surface se voit contraint d’implanter une zone tampon végétative de 20 m de largeur le long de celle-ci.

Dans ce cas, sont considérées comme eaux de surface, toutes les eaux stagnantes et les eaux courantes à la surface du sol. Il s'agit donc des cours d'eau classés ou non classés (fleuves, rivières, ruisseaux, ...), des lacs, des étangs, des mares, mais également des masses d'eau « artificielles » telles que les canaux et les collecteurs (égouts, réseaux de drainage, fossé humide, ...). Les wateringues, les fossés de drainage artificiels et les fossés de bords de route lorsqu’ils sont humides lors de l’application sont bien repris comme eau de surface et sont donc également soumis à l’implantation de cette zone tampon enherbée.

 

6. La terbuthylazine, une matière active en sursis, à utiliser avec précautions !

Bien qu’agréée uniquement en association, la terbuthylazine présente divers avantages. En effet, elle renforce l’efficacité des produits de contact et accélère la vitesse d’action des partenaires.  Elle est efficace contre des adventices généralement moins sensibles aux produits de base d’un traitement maïs (Callisto, Zeus, Laudis). Le pâturin, l’anthémis, le géranium, l’érodium, la matricaire, la mercuriale, la pensée, la renouée des oiseaux, la renouée liseron, la véronique en sont des exemples. Bien que plus difficilement complet,  le désherbage sans terbuthylazine est toutefois possible moyennant certaines adaptations.

 

Depuis de nombreuses années, le CIPF met en place des essais visant à se passer de la terbuthylazine sur différentes flores. De manière générale, sans terbuthylazine, il est indispensable de traiter sur des adventices plus jeunes, d’adapter les associations et les doses en fonction de la flore présente. Depuis la mise en place de cette mesure, peu de bandes enherbées ont été implantées. La plupart des agriculteurs soumis à cette contrainte ont préféré opter pour des traitements sans terbuthylazine. En 2023, selon nos sources, environ 40% des surfaces maïs en Wallonie ont été traitées sans terbutylazine.

 

7. L’éco-régime « Réduction d’intrants » en culture de maïs !

Dans le cadre de la nouvelle PAC, (2023-2027), de nouvelles aides, appelées éco-régimes ont été mises en place. Parmi celles-ci figure l’éco-régime « Réduction d’intrant » qui consiste en une prime octroyée lorsque l’agriculteur s’engage soit à n’appliquer sur ses parcelles de terres arables et cultures permanentes, aucun produit phytopharmaceutique repris dans une liste constituée de molécules à « prohiber » ou soit avoir recours à des techniques de désherbage mécaniques au minimum à deux reprises au cours de la période de maintien de la culture. Les molécules prohibées sont celles considérées comme « à substituer » dans la réglementation européenne. La liste officielle des molécules prohibées dans cet Eco-Régime pour l’année 2024 se retrouve à l’article 19 de l’Arrêté ministériel du 12 janvier 2024. L’asbl Corder est chargée de sortir une liste des produits phytosanitaires qui contiennent ces molécules au regard de leur utilisation dans les cultures présentes en Wallonie. Cette liste devra être validée annuellement par l’administration et communiquée aux agriculteurs vers le mois de septembre de l’année qui précède l’engagement.  

Une nouvelle liste de produits prohibés mise à jour le 23 février 2024 est consultable sur le sites de CORDER . Celle-ci n’est actuellement pas encore validée par les autorités compétentes mais sert de base à l’application de cet éco-régime pour cette année. La liste ci-dessous (Tableau 2) reprend les principaux produits agréés en culture de maïs qui ne peuvent pas être utilisés dans le cadre de cet éco-régime.

 

 

Vu le peu d’engouement recueilli par cette mesure en 2023, par les maïsiculteurs, le législateur a décidé de ne plus interdire l’utilisation de semences traitées avec REDIGO M ou KORIT pour s’inscrire dans cet Eco-régime. Cette modification rend la mise en application de celle-ci bien plus aisée. En effet, sur base de la liste reprise ci-dessous (Tableau 3) synthétisant l’ensemble des produits utilisables pour cet Eco-régime, il est possible de composer des traitements tout à fait complets. A titre d’exemple en post précoce une association de type Callisto 100SC 0,7 l/ha + Monsoon active 0,75 l/ha + Frontier Elite 0,8 l/ha renforcée si nécessaire par un Kart 0,75 l/ha ou Trevistar 0,75 l/ha ou Callam 0,25 kg/ha ou Onyx 0,5 l/ha peut entrer dans cette mesure.

 

Dernière mise à jour @ 24/04/2024